Programme
Eléments pour un nouveau projet de société
Haïti présente l’image d’un pays en déliquescence, naufragée sur tous les plans économique, social, politique culturel et environnemental. Les élites haïtiennes sont incapables de 1804 à nos jours d’accomplir leurs missions salvatrices : Celles d’opérer des changements, de transformer, de créer un cadre nécessaire à l’épanouissement individuel et collectif de toutes les filles et de tous les fils du pays.
Cette incapacité des élites à travailler pour changer les conditions de vie de la population en général et des masses en particulier nous conduit à un drame social, une crise profonde, pluridimensionnelle à laquelle le pays fait face depuis plusieurs décennies.
Caractéristiques de la crise
La notion de crise évoque l’idée de création, c’est le tournant décisif, le moment qui permet le diagnostic, de poser des actions, d’opérer des changements, des transformations. La crise crée aussi l’indécision, l’incertitude, l’indétermination. Donc, la crise est à la fois un moment indécis et décisif. La crise se nourrit d’un processus général perturbateur, déclenchant des désordres ou dérèglements, des incertitudes, des blocages, des antagonismes, des complémentarités ou surcharges.
Haïti vit depuis plusieurs décennies une crise sociétale, profonde qui met en péril les fondements de l’Etat, les secteurs organisés de la vie nationale. Pour illustrer, citons : La crise institutionnelle, la crise de la souveraineté nationale, la crise de la création de richesse ou développement, la crise de la bonne gouvernance, la crise de l’environnement etc…
Quelle voie choisit pour apporter les réponses appropriées, adéquates à cette crise ?
autrement dit quelle arme de combat peut-on choisir pour juguler la crise ?
Vu le détournement de la révolution initiée par le fondateur de la nation Jean Jacques Dessalines au lendemain de son assassinat le 17 octobre 1806, révolution axée sur l’inclusion des masses, le partage équitable des richesses nationales, le respect des droits de l’homme, la dignité humaine, la liberté, l’égalité, la solidarité et la fraternité ; Constatant que ce faux fuyant dans la trajectoire historique nationale engendre l’irrespect de la loi, la pauvreté ; la misère, le chômage, le sous-développement, l’instabilité politique, l’exclusion sociale, le chaos, l’indignité nationale, la désertification de nos plaines, nos mornes; il s’avère indispensable de choisir la voie révolutionnaire pour changer de cap en terme de gouvernance publique, réaliser la vraie transition démocratique, organiser un dialogue sincère inclusif pour réconcilier la nation avec elle-même, opérer les changements nécessaires au sein de la société. Bref, Engager le pays sur la voie du progrès et du développement durable.
La faillite de l’état, constatée aujourd’hui mous met en présence, au regard de la reconstruction et la refondation de l’état nation. De deux (2) choix : La reforme ou révolution.
La réforme ou révolution.
La reforme consiste à modifier graduellement ce qui existe. C’est une amélioration, un correctif apporté à l’ordre existant tandis que la révolution est changement brusque et profond, bouleversement, création d’un ordre nouveau en remplacement de l’ancien.
Dans le cas d’Haïti, il est logiquement impossible de reconstruire, refonder la nation à partir d’une approche réformiste car c’est tout le squelette de l’état qu’il faut repenser, toutes les charpentes de la société qu’il faut retravailler, toutes les structures mentales, psychologiques de l’homme haïtien, de la femme haïtienne qu’il faut rééduquer, remettre en question. Donc, c’est une révolution dans nos mentalités à opérer au sein de la société, un changement de paradigme à faire dans les choses, les mesures à adopter, la méthodologie à suivre, les approches à prioriser dans les affaires publiques du pays. Il faut créer les conditions indispensables de la politique pour ne pas violer constamment les lois établies et la charte en vigueur.
Un nouveau projet de société doit permettre dans l’état actuel des choses l’émergence d’un nouvel haïtien reformaté, rééduqué, conscientisé sur l’ampleur des défis à relever sur le plan national, des valeurs novatrices, donc révolutionnaires qu’il faut utiliser, les exigences de la mondialisation qu’il faut bien comprendre et maitriser si on veut éviter la disparition imminente de la nation.
L’offre de GRENOPSH pour la reconstruction d’une société axée sur les valeurs de justice sociale, de liberté, du pluralisme idéologique, du progrès social, du développement durable, de la solidarité, de l’inclusion des masses, de la jeunesse, de la paysannerie, de la diaspora, de la démocratie ; couplée de la refondation de l’état-nation tourne autour des propositions suivantes :
1- Politique extérieure
L’effort à consentir se porte sur la récupération de la souveraineté nationale, une diplomatie forte, active capable de négocier les grands enjeux économiques, géopolitiques avec les autres états, les organisations, internationales en particulier les relations sud/sud.Une nouvelle approche dans les relations internationales doit permettre à Haïti de :
- Reprendre l’étendard de la lutte pour le respect des droits humains, l’égalité des races humaines, la liberté, la solidarité internationale, le droit à l’auto détermination des peuples.
- Restructurer les représentations diplomatiques à l’étranger.
- Renégocier un nouveau partenariat avec la république voisine.
- Débattre, discuter et élaborer des procédures et mécanismes de l’intégration effective de la diaspora dans les affaires économiques, sociales, culturelles, politiques du pays.
- Développer des relations amicales avec les peuples du continent Africain à travers la diplomatie dans le cadre de notre identité.
- Prendre l’engagement à défendre les intérêts de la république d’Haïti au sein des organisations internationales comme la banque mondiale, le FMI, l’ACB, etc…
2- La politique intérieure priorise les axes suivants :
A) Sur le plan institutionnel
- Renforcement des institutions au travers des normes et des lois établies.
- Renforcement et encadrement de la police nationale avec les moyens matériels, techniques, humains et financiers pour accomplir sa mission sacro-sainte ; celle de servir et protéger les vies et biens.
- Réorganisation de l’armée pour la défense du territoire.
- L’Indépendance de la justice, la distribution d’une justice impartiale, le recyclage, la formation des magistrats, la refonte de nos codes dépassés, non adaptés à la réalité seront des priorités.
- La décentralisation effective du pouvoir et des services publics.
- L’alternance et le pluralisme idéologiques
- Modernisation de la vie politique, des organisations de la société civile.
- Mise en place d’un système de renseignement national efficace pour protéger, surveiller et défendre les intérêts supérieurs de la nation.
- Promotion de la protection, du respect de l’environnement.
B) Le volet culturel prend en compte :
- L’effort de véhiculer, promouvoir, dynamiser l’académie créole haïtienne dans le but d’arriver à un enseignement scientifique, une littérature et la rédaction des actes administratifs en créoles.
- L’introduction de nouveau cours dans les curricula de l’école haïtienne comme l’éducation civique basés sur notre histoire ancestrale, le sentiment d’appartenance nationale, le respect des valeurs patriotiques, notre patrimoine culturel, la réorganisation de la famille, le service civique obligatoire etc…
- La refonte du système des actes d’états civil.
- La reconnaissance de l’identité de tous les nationaux.
- L’introduction d’un cours d’histoire et de littérature africaines au niveau des écoles secondaires pour mieux comprendre notre origine et identité
- Valorisation de la culture nationale à travers la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, la danse, le théâtre, la gastronomie, les savoirs populaires, le folklore, le sport, les sciences et les arts.
- Création d’un espace des acteurs des savoirs populaires comme les mambo, houngan, femme sage, la médecine traditionnelle, jumelé à la faculté d’Ethnologie pour mieux structurer ce pôle de connaissance et permettre à la population de jouir ses retombées positives.
C) L’aménagement du territoire
L’aménagement territorial du pays est basé sur les vestiges de la colonisation ; il importe de prendre de nouvelles mesures et lois pour rechercher un nouveau modèle d’aménagement correspondant à la réalité actuelle.
Les grands axes se portent sur :
- La décentralisation effective des services et pouvoirs publics.
- La production et la création des espaces naturels
- Une nouvelle gestion des espaces
D) Les politiques sociales
- La lutte pour le droit à une éducation de qualité, l’accès à l’eau portable, à la santé, à un logement décent.
- Un système de sécurité sociale sans exclusion des droits de la personne et l’accès de tous les travailleurs à la retraite.
- Un accompagnement effectif pour les étudiants (es) de l’université d’Etat d’Haïti (cafeteria, fonds pour les photocopies, stages, emplois etc)
- Un système national d’identification des personnes à la naissance dans le cadre d’un état civil rénové compatible à la dignité de chaque haïtienne / chaque haïtien.
- Une place de choix sera accordée à la médecine traditionnelle, communautaire, la pharmacopée haïtienne sans préjudice avec la médecine conventionnelle.
E) Les Grands axes économiques
- Un système économiques basé sur l’entreprenariat, la production nationale et la démocratisation du capital.
- Rénovation / Restructuration du cadre légal des affaires.
- Promotion d’une fiscalité reposant sur des politiques visant la production de richesses, un marché financier associé á un partenariat secteur public / privé.
- Une reforme agro-foncière dans la perspective d’accroissement et de stabilité de la production agricole.
- Un modèle touristique fondé sur la culture.
- Participation effective de l’état haïtien à divers mouvements d’intégration régionale (OEA, IICA, CARICOM, AEC etc…)
Aujourd’hui il faut remplacer la société néocoloniale et féodale caractéristique de domination, d’exclusion, d’arbitraire, d’injustice, de violence, d’anarchie, d’autocratie, d’économie de rente, d’assistanat, de dépendance et de corruption par une nouvelle société ouverte à la démocratie participative au développement humain et durable pour permettre à Haïti de reprendre sa place d’antan avec fierté, respect et dignité dans le concert des nations.